Dix règles à suivre quand on prie

Dix règles à suivre quand on prie

Prier est bien plus que réciter des formules, répéter des mots, entonner des litanies

Quand Jésus se retrouvait dans des endroits solitaires pour prier, les disciples voulaient comprendre comment il faisait, apprendre de lui sans le déranger, sans perturber Sa solitude.

Apprendre une prière est facile. Il s’agit de mémoriser une formule, une manière de la réciter, des règles à adopter quand on la prononce. Mais cela n’est que l’aspect extérieur, et très souvent l’aspect extérieur, s’il est une fin en soi, est inutile. Tout comme il est inutile, voir même contre-productif de prier par devoir ou par peur, en craignant d’éventuelles représailles de la part de notre prêtre de référence ou, encore pire, de la part de Dieu en personne.

La prière a sa propre poésie, une beauté à elle toute seule, et ce n’est qu’en la comprenant que l’on peut prier de manière correcte, en nous adressant à Dieu de manière à être écouté et à trouver de cette manière une expérience qui s’enrichit et qui nous permette d’affronter chaque jour de la bonne façon.

La prière nait de la vie, elle s’amalgame avec elle, elle en tire son inspiration et en fait partie. Dans le cas contraire, il s’agit uniquement d’un exercice de mémoire, d’une pratique de dévotion vide et stérile, peut-être précise et ponctuelle dans son exécution, mais vide de sens, sans cœur et sans amour.

Ce n’est surement pas ainsi que Jésus priait. Sa prière ne se contentait pas des mots, des formules bien prononcées. Jésus priait avec le corps, avec la tête, avec le cœur, avec tout son esprit. Sa prière était une expérience transcendante, qui cassait tous les schémas, bouleversait les sens, impliquait entièrement Sa personne. Voilà ce qu’Il nous demande de faire quand nous prions, voilà le secret de Sa prière.

En imitant Jésus, en suivant simplement ses indications, nous pouvons apprendre à prier correctement. Tout est déjà écrit, tout se trouve dans ses mots, simples et clairs. En effet, Jésus a dit : « Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Voici donc comment vous devez prier: Notre Père… » (Mtt 6, 5-9).

Prier est rencontrer Dieu Père

Quand nous prions correctement, nous créons un rapport profond avec Dieu, nous nous mettons dans les conditions de pouvoir l’accueillir et de pouvoir dialoguer avec Lui, comme si nous rencontrions un ami. Ou mieux, un Père. Nous sortons de notre réalité pour nous plonger dans la réalité de Dieu, dans son temps, dans un endroit qui n’est pas un endroit, où nous pouvons nous retrouver pour dialoguer ensemble.

La prière n’a pas besoin d’ostentation. Ce n’est pas un spectacle, une répétition mécanique. Elle n’a pas besoin d’être vue par les autres, admirée, louée. Il s’agit d’une expérience intime, qui doit être vécue dans l’ intimité, dans le silence et dans le calme de sa propre chambre, ou simplement dans son esprit, dans une solitude ne serait-ce qu’intérieur, mais qui nous permette d’entrer en contact de manière profonde avec nous-même, avant tout, et ensuite avec Dieu.

La prière est une sorte de secret entre nous et Dieu. C’est une expérience basée sur le rapport entre Dieu Père et nous qui sommes ses fils, et elle demande donc une dimension familiale, intime, spontanée. La prière que nous vivons en solitaire, dans notre chambre, n’est pas celle que nous partageons avec les autres fidèles dans les célébrations publiques. La seule chose qui compte est de se mettre en relation avec Dieu Père, qui sait voir en nous, dans notre intimité, et reconnaître le secret d’amour que nous gardons. Pour cela, il faut fermer la porte, laisser en dehors toute inquiétude et pensée qui ne soit pas celle de rencontrer Dieu.

Jésus nous apprend que quand nous prions, nous devons nous adresser à Dieu en tant que Père. Dans ce mot, Père, il y a déjà tout le sens de notre prière, tout ce qu’il veut exprimer et même ce que nous ne sommes pas capable d’exprimer avec nos paroles. Appeler Dieu Père est le prélude de tout ce qui viendra ensuite, des choses que nous souhaitons lui raconter, des confidences que nous voulons partager avec Lui. C’est avec un Père infiniment bienveillant et bon que nous sommes en train de nous ouvrir, que nous choisissons de nous montrer pour ce que nous sommes réellement, sans barrière, sans masques, dans une humilité et une spontanéité totale.

Prier est aussi Silence

Ceux qui ne prient qu’avec les mots, en s’inquiétant uniquement du nombre de prière qu’il faut réciter, de ce qu’ils doivent dire et comment le dire, font de la prière un devoir, un moment d’ennui, une imposition, de la monotonie. Qui prie avec le cœur et avec l’esprit n’a même pas besoin de mots. Sa prière souvent est faite de silence, un silence qui exclut le vacarme du monde, qui laisse en dehors la clameur de la foule, le chahut des pensées, et permet d’accéder à un dialogue privé et secret, un tête-à-tête précieux et inestimable avec Dieu, et uniquement avec Lui, qui n’a même pas besoin de mots pour être consommé.

Chapelet Bois Pape François
Chapelet bois Pape François

Prier n’est pas parcourir une route en descente en courant, en se rouant comme des cailloux, peut-être même en apnée, jusqu’à arriver à la ligne d’arrivée du « Amen », comme si l’on devait gagner un prix. Souvent, en participant à des prières communautaires, on entend des personnes qui prient ainsi, presque en s’affrontant pour voir qui arrive à la fin en premier ! Cette angoisse d’arriver, de se débarrasser du devoir de ces mots prononcés trop à la va-vite, n’appartient pas à la prière. La prière requiert une attente, requiert calme, paix, liberté. Pour prier nous devons oublier notre temps et nous adapter au temps de Dieu, pour lequel mille ans sont un jour. Nous ne pouvons que vivre dans Son attente, en nous mettons dans les conditions de l’accueillir quand il décidera de nous écouter, de combler la distance qui nous sépare de Lui, et que nous ne pouvons surement pas combler en courant derrière Lui et en criant pour l’obliger à nous écouter.

Prier devrait être comme se promener dans une forêt silencieuse, en profitant du plaisir de chaque pas, en savourant la beauté de ce que nous éprouvons, exactement comme si nous pouvions admirer la splendeur du feuillage baigné de soleil, écouter le doux chant des oiseaux cachés dans les arbres.

Une prière récitée n’est qu’un son. Une prière sentie est lumière, une lumière qui nous enrichit en descendant en nous comme une paix profonde.

Pour prière en silence, nous devons avant tout oublier mots, pensées et fantaisies. Toute notre concentration, toute notre volonté doit être tournée vers Dieu.

Être pauvre devant Dieu

Encore, prier est se déclarer pauvre devant Dieu. Admettre notre être Rien devant son être Tout. Il s’agit d’une attitude indispensable, car c’est ainsi que nous admettons notre dépendance de Dieu, notre avoir besoin de Lui. Sans Dieu, tous nos projets, nos espoirs, mais aussi nos capacités et talents ne sont rien. Être pauvre devant Dieu signifie se présenter à Lui en totale confiance, sans posséder rien d’autre que notre Foi. Dieu peut choisir de ne pas nous répondre, de ne nous envoyer aucun signe. Tout est incertain, provisoire, précaire. Il n’y a que la Foi qui nous soutient, la conscience que Dieu est infiniment bon et bienveillant et, tôt ou tard, Il nous répondra. Nous devons donc nous en remettre à Lui, entièrement. Quand nous prions Dieu, nous devons avant tout le remercier pour Son immense générosité, pour la vie qu’Il nous a donné, pour tous les merveilleux dons avec lesquels Il nous a enrichis. La gratitude est une grande manifestation de Foi, et nous ne devrions jamais nous lasser de remercier Dieu, pas uniquement pour nous, mais aussi pour tous ceux qui ne le font pas assez.

Prier n’est pas imaginer Dieu, mais communiquer avec Lui

Quand nous prions nous devons rester concentrés sur Dieu, mais non pas nous le représenter, non pas fantasmer sur lui. Le dialogue avec Dieu ne requiert pas que nous nous imaginions de l’avoir devant nous, de lui donner un visage, une apparence. C’est quelque chose qu’il faut sentir dans son intimité, une expérience qui demande sérénité, calme, concentration, afin de sentir Sa présence et de maintenir ouvert ce contact autrement éphémère.

Nous devons lui dédier toute notre attention, nous mettre entièrement à l’écoute, avec l’âme pure et l’esprit désencombré de toute pensée.

Prier est écouter Dieu

Prier requiert une écoute totale et inconditionnelle de Dieu, de Sa parole, de Sa volonté.

Quand nous prions, ce n’est pas nous qui sommes les protagonistes de ce qui est en train de se passer : c’est Dieu, toujours et uniquement Dieu. Nous ne faisons que nous mettre en attente de Dieu, à l’écoute, afin de comprendre ce qu’Il a à nous dire, de saisir ce qu’Il attend de nous. Nous pouvons nous adresser à Lui pour demander conseil, pour donner libre cours à nos souffrances, pour chercher des réponses à nos craintes, mais Il ne nous répondra que quand nous nous serons mis dans une condition d’humble attente de Sa parole.

La prière est se fier à la volonté de Dieu

La volonté de Dieu est tout ce qui compte. Aimer Dieu signifie accueillir Sa volonté comme la nôtre et l’accepter, la faire devenir la nôtre et l’accomplir. C’est à ce moment-là que Dieu nous remplit de son amour. Quand nous aimons quelqu’un, nous essayons de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le contenter, pour le rendre heureux. Nous essayons de faire tout ce que lui ou elle aimerait que nous fassions. Ainsi faut-il faire avec Dieu. Quand nous le prions, nous pouvons lui adresser des requêtes, des questions, exprimer nos doutes, notre rage, notre douleur, mais, en fin de compte, la seule chose que nous devons faire est nous fier à sa volonté, faire ce qu’Il nous demande, sans hésiter.

La prière nous donne les énergies nécessaires pour affronter chaque épreuve, chaque jour

Prier doit aussi être pour nous une sorte de « recharge » énergétique. Quand nous prions, en effet, nous sommes investis par la puissance de Dieu, par son énergie inextinguible. Il peut nous donner la vigueur qu’il nous faut pour affronter chaque obstacle, chaque adversité. Si nous œuvrons dans sa volonté, si nous nous fions avec confiance à elle, sans hâte, prêts à attendre Sa réponse, Dieu nous rendra suffisamment fort pour affronter n’importe quel obstacle. Si nous croyons véritablement à sa force, nous deviendrons fort aussi, invincibles.

Prier avec le corps aussi

Notre corps est une machine merveilleuse, que Dieu a créée pour que nous puissions en profiter au mieux. Malheureusement, le corps a aussi ses limites et ses besoins, ses maladies et ses souffrances, qui peuvent nous limiter et parfois même nous empêcher de prier. Il est important de trouver une position qui favorise la prière et la concentration, qui nous permette de rester sans bouger et de respirer aisément pendant tout le temps nécessaire pour entrer en contact avec Dieu. Notre corps ne doit être qu’un autre instrument de notre prière.

Choisir le lieu et le moment les plus adaptés pour prier

Il est nécessaire de choisir un lieu et un moment de la journée qui puissent favoriser la prière.

La concentration est importante, fondamentale, et nous devons faire notre possible afin d’éviter d’être distraits par toute contamination extérieure. Jésus aussi préférait s’isoler et choisissait des lieux désolés et désertés par les hommes pour s’adresser à Dieu Père. Nous devons donc faire le même, en choisissant le lieu qui nous convient le plus. En même temps, nous devons également choisir un moment de la journée adapté, si possible toujours le même, afin de créer une habitude qui nous offre, chaque jour, un moment seulement pour nous et pour Dieu.