La descente aux enfers de Christ et Sa Résurrection - Holyart.fr Blog

La descente aux enfers de Christ et Sa Résurrection

La descente aux enfers de Christ et Sa Résurrection

Comme la mort et la Résurrection, la Descente aux Enfers de Christ aussi fait partie intégrante de Sa glorification. Jésus descend aux Enfers uniquement pour en ressortir avec une gloire accrue, en amenant avec Lui les âmes des justes du passé.

Parler de la descente aux Enfers de Christ en vue de Pâques ne semble qu’en apparence une contradiction en soi. Pâques, comme nous le savons, célèbre la Résurrection de Jésus-Christ, l’événement miraculeux grâce auxquels Il est sorti du tombeau et est monté au Ciel pour s’asseoir à la droite du Père, comme nous l’apprenons dès tous petits en récitant le Credo, connu également comme le Symbole des Apôtres :

Le troisième jour est ressuscité des morts,
conformément aux Écritures, et est monté aux cieux ;
est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
d’où il viendra juger les vivants et les morts.

Toutefois, avant de pouvoir parler de Christ ressuscité, nous devons prendre en considération Sa mort. Jésus a choisi consciemment de mourir, comme meurent tous les hommes. En effet, le Symbole des Apôtres récite ainsi :

[Jésus] a souffert sous Ponce Pilate,
a été crucifié, est mort et a été enseveli ;
est descendu aux enfers,
le troisième jour est ressuscité des morts

Jésus a donc embrassé le mystère de la mort, l’horreur de l’âme qui se détache du corps, dans Son cas avec violence, considérant les souffrances auxquelles il a été soumis. Jésus est mort, le corps martyrisé et cloué à la Croix, et Son âme est descendue dans le royaume des morts, aux Enfers, comme il arrive à tous ceux qui décèdent. Mais Jésus n’était pas un homme comme les autres. Il est descendu aux Enfers comme un Sauveur, non pas pour unir Ses gémissements à ceux des autres ombres, mais pour apporter l’espérance, pour apporter la lumière, pour libérer les âmes avec Sa parole.

Saint Pierre Apôtre mentionne la mort de Jésus dans une de ses lettres : « Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l’Esprit » (1 Pierre 3, 18-22). La descente aux Enfers est par contre décrite dans la Somme Théologique de Saint Thomas d’Aquin.

Pourquoi Jésus descend aux Enfers

Avant tout, nous devons considérer que les « enfers » dans lesquels est descendu Jésus n’ont rien à voir avec l’Enfer tel que nous l’entendons, lieu de damnation et condamnation éternelle pour les pécheurs. Nous pouvons plutôt parler d’un générique au-delà, où tous les morts se retrouvent, indépendamment de leur conduite sur Terre. Ce que les Grecs et les Romains appelaient Hadès, les Juifs Schéol, les Égyptiens simplement Royaume des morts.

C’est donc dans un royaume des morts neutre que Jésus descend et le choix du verbe « descendre » n’est pas un hasard, exprimant justement la volonté de s’abaisser au niveau des communs mortels, le choix d’une humiliation qui a un seul et unique but : celui de faire comprendre comment les hommes ne sont jamais seuls, jamais abandonnés par Dieu, même pas dans la mort. Jésus qui, pendant tout le temps de sa brève vie mortelle, s’est démontré particulièrement proche des humbles, des opprimés, des pécheurs, des plus fragiles et vulnérables parmi les hommes, démontre, en descendant aux Enfers, que Son amour va au-delà de la mort, qu’il est venu pour sauver et affranchir non seulement les âmes qui sont et seront, mais aussi celles qui ont déjà été, depuis le début des temps.

À ces esprits prisonniers Jésus tend la main, les libère de chaînes anciennes comme le temps, et celle qui depuis le début pouvait sembler une défaite, une descente, devient une glorieuse remontée, car Jésus descend aux Enfers et ensuite en remonte dans la Gloire, en amenant avec Lui des âmes jubilantes, sauvées, libérées. Christ vainc la mort dans son propre royaume, en renverse toute règle, en bouleverse le mystère même, en en faisant un instrument et une proclamation de Sa grandeur.

La descente aux Enfers dans l’œuvre de Saint Thomas d’Aquin

La descente aux Enfers, ou catabase, est un topos qui revient dans la littérature et dans la culture de nombreuses civilisations. Pensons à Orphée qui descend dans l’Hadès pour chercher son épouse Eurydice, à Hercule qui, dans le dernier de ses travaux, doit descendre dans le royaume des morts afin de capturer Cerbère, le chien à trois têtes qui surveille l’Hadès. Dans sa Summa Theologiae (Somme Théologique), Saint Thomas d’Aquin, théologien, philosophe et Docteur de l’Église, qui eut le mérite, entre autres, de savoir réconcilier et conjuguer la philosophie classique et hellénistique avec la théologie chrétienne. Dans son œuvre la plus importante, Saint Thomas affirme que Jésus descend aux Enfers pour quatre raisons fondamentales :

  1. Christ descend aux Enfers pour prendre complètement sur Lui les péchés de l’humanité et les expier entièrement. Les âmes des hommes déjà morts portaient encore sur eux le Péché originel et, seulement en s’y rendant en personne pour les libérer, Jésus pouvait leur garantir le salut. Pour cette raison, afin de racheter entièrement le péché, Christ a voulu suivre le destin du genre humain sous chaque aspect, y comprises la mort et la descente aux Enfers ;
  2. Jésus a aimé Ses amis jusqu’à la fin(« Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux », Jean 13,1). Mais, au-delà des Apôtres et des disciples vivants, Il avait également des amis qui étaient déjà passés dans le royaume des morts et, avec eux, tous ceux qui avaient dédié leur existence à l’attente du Messie, comme les prophètes de l’Ancien Testament : Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David et ainsi de suite. À eux aussi va Son amour et Son espoir de salut, à qui est mort depuis longtemps, mais dans la fois de Sa venue ;
  3. En descendant dans l’outre-tombe, Jésus démontre sa victoire sur le Diable. En dégondant les portes du royaume des morts, en subvertissant les règles de la mort même, il put arracher des griffes du Démon les âmes des justes ;
  4. En mourant, Jésus libère tous les saints qui attendaient dans les limbes, comme prophétisé par Osée, un prophète mineur : « Je les rachèterai de la puissance du séjour des morts, Je les délivrerai de la mort. Ô mort, où est ta peste ? Séjour des morts, où est ta destruction ? Mais le repentir se dérobe à mes regards !» (Osée 13,14).

Thomas d’Aquin

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La Résurrection de Christ

Nous arrivons ainsi à la Résurrection de Christ, au dernier acte de Son histoire dans le monde des hommes, vivants et morts.

Le troisième jour est ressuscité des morts,
conformément aux Écritures, et est monté aux cieux ;
est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant.

Revenons au Symbole des Apôtres, au Credo, et, en particulier, au moment où, après avoir énuméré les vicissitudes de la vie de Jésus en tant qu’homme (il s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie, s’est fait homme, a été crucifié, est mort et a été enseveli), on reconnait Sa glorification en tant que Fils de Dieu et Sauveur. La mort de Jésus n’a été qu’un moment, une interruption momentanée dans l’immense flux d’amour qui découlait de Lui et se reversait sur qui était à ses côtés. Ses amis, Ses disciples n’ont perçu Son manque que pour un instant et l’ont tout de suite retrouvé, dans la lumière et dans la gloire de la Résurrection, emblème de salut pour eux tous, espérance pour chaque homme qui vit, vivra et qui a déjà vécu. Rien que trois jours, et même pas complets, entre la mort et la Résurrection, trois jours qui symbolisent le doute, la peur d’être abandonné par Dieu, pour ensuite pouvoir reconnaître et apprécier encore plus le Salut.

Dans la Résurrection, Jésus ne se sauve pas Lui-même, en échappant à la mort, mais se réaffirme en tant que sauveur de l’humanité entière, reconfirme tout ce qui a été Son message, Son enseignement jusqu’au moment de la mort. Pour cela, considérant la Résurrection comme le moment le plus haut de l’histoire de la chrétienté, fondement de la Foi et point de départ pour l’espérance et le salut pour les hommes.