Côme et Damien : les saints médecins qui soignaient gratuitement

Côme et Damien : les saints médecins qui soignaient gratuitement

Côme et Damien : les saints médecins qui soignaient gratuitement

Médecins, jumeaux, martyrs. Les saints Côme et Damien ont partagé une vie extraordinaire, une foi inébranlable et une mort atroce, au nom de leurs croyances. 

En réalité, les enfants de Nicephore et Téodota, tous les deux chrétiens vécus au IV siècle et originaires d’Arabie, étaient cinq. Outre Saints Côme et Damien, il y avait en effet trois frères cadets, les saints Anthime, Léonce et Euprepius. Tous les cinq grandirent dans la foi, éduqués par une mère dévouée, et moururent tous comme martyrs en 303 apr. J.-C. dans la ville de Cyrrhus à Antioche, ou bien Aigéia, lors de la terrible persécution voulue par Dioclétien.

Côme et Damien avaient étudié la médecine en Syrie, qui à l’époque était une province romaine, et pratiquaient la profession à Aigéia, une ville portuaire sur le golfe d’Alexandrette, en Cilicie. Nous ne savons pas grande chose de leur vie, mais ils avaient la réputation d’être anàrgiri, « sans argent » ou « sans le sous », car ils ne se faisaient pas payer pour leurs services. On raconte qu’ils étaient également très courageux, ce qu’ils auraient démontré lors de leur martyre, et qu’ils plaçaient le bien d’autrui avant toute chose.

Un aspect fascinant de ces deux saints martyrs jumeaux est qu’ils ne se limitaient pas à soigner les malades, à guérir les blessures du corps. Leur activité de médecins devint bientôt une manière pour diffuser la Parole de Jésus, pour soigner les âmes de ceux qui s’adressaient à eux à la recherche d’aide et de réconfort. En soignant hommes, femmes et enfants, Côme et Damien surent également les convertir au Christianisme.

Cette activité de prosélytisme ennuyait les romains, en particulier Lysias, le gouverneur de la province. Ce dernier tenta de convaincre les deux frères à se convertir et à présenter des sacrifices aux dieux païens, mais en vain. On raconte que les deux saints se montrèrent si fermes, courageux et sereins à leur procès qu’ils méritèrent l’appellation d’athlète de Dieu.

Martyre de Côme et Damien

Parmi les nombreux supplices subis par les Saints martyrs qui ont sacrifié leur vie au nom de Dieu, le martyre des saints Côme et Damien est parmi les plus sanglants et les plus terribles jamais décrits par les martyrologues. On dit qu’ils n’ont pas été martyrisés une, mais cinq fois.

saints martyrs

Lire aussi :

Saints Martyrs : sacrifier sa vie au nom de Dieu
Les Saints Martyrs sont des hommes et des femmes, souvent très jeunes, qui ont sacrifié leur vie pour amour de Dieu

Selon les sources, ils furent lapidés, ensuite flagellés, crucifiés et blessés avec flèches et lances, jetés en mer avec un pierre pendue au cou et brûlés dans une fournaise ardente. Mais les rochers rebondirent et touchaient leurs agresseurs, les flèches se retournèrent contre les archers, le fouet déchira leurs corps, mais ne plia pas leurs âmes, les anges détachèrent les nœuds qui retenaient les pierres à leur cou et les flammes flambèrent et rugirent contre les bourreaux.

Pour finir, ils furent décapités, avec leur plus jeunes frères Anthime, Léonce et Euprepius.

Trois dates pour deux saints

Bien que l’Église catholique reconnaisse le 26 septembre (le 27 septembre dans la forme extraordinaire) comme la date pour célébrer la mémoire des saints Côme et Damien, en réalité ils existent trois différentes traditions liées à leur vie, chacune avec un jour différent qui leur est dédié.

Le culte né à Constantinople, capitale de l’Empire byzantin, a donné vie à une tradition asiatique, qui fête les deux saints guérisseurs le 1er novembre.

La tradition arabe célèbre leur mémoire le 17 octobre.

Pour finir, la tradition romaine, bien qu’elle soit originaire de Syrie, les fête le 1er juillet.

L’Église orthodoxe laisse libre choix parmi ses trois jours pour ceux qui suivent le culte des deux saints.

église cosma et damiano

Le choix du 26 septembre comme jour de la mémoire liturgique des saints Côme et Damian de l’Église catholique est lié à la basilique dans le Forum Romain qui leur a été dédiée par pape Félix IV (526-530). Cette basilique fut érigée en 526 où auparavant surgissait l’ancien Templum Romuli et la Bibliothèque Pacis, le Temple de la Paix et, dès le début, le Saint pontife promut le culte des deux saints en opposition à celui de deux autres célèbres jumeaux, les païens Castor et Pollux, les Dioscures fils de Léda et de Jupiter. La basilique fut dédiée aux deux saints le jour 27 septembre et, par la suite, pape Paul VI déplaça la date de leur mémoire au 26 septembre.

Diffusion du culte

Aimés et tenus en grande estime pendant leur vie, Côme et Damien virent fleurir leur culte juste après leur mort tragique. Ils furent enterrés à Cyrrhus en Cilicie et sur leur tombeau fut vite érigé un sanctuaire visité par d’innombrables pèlerins. Ceux qui s’y rendaient le faisaient afin d’honorer leur restes, mais également afin d’invoquer leu raide contre des maladies de tout genre. En effet, dès le début de leur culte, Côme et Damien peuvent être mentionnés parmi les Saints Guérisseurs auxquels s’adresser contre les maladies. Même l’Empereur Justinien obtint grâce à eux une guérison miraculeuse et commanda que le sanctuaire en leur honneur soit agrandi et transformé en basilique. Ainsi le culte des deux saints thaumaturges se répandit dans tout l’Empire Byzantin et, grâce aux trafics commerciaux entre Orient et Occident, il arriva jusqu’à Rome, où pape Symmaque (498-514) leur fit construire un oratoire.

saints contre la maladie

Lire aussi :

Saints Guérisseurs auxquels s’adresser contre les maladies
Depuis toujours, l’homme invoque Dieu demandant aide et réconfort en cas de maladies graves. Mais il y a saints guérisseurs pour certaines pathologies.

Côme et Damien furent les derniers saints à avoir l’honneur d’être insérés dans le canon de la Messe Tridentine, qui énumère les noms des Apôtres suivis de ceux des douze martyrs. Les deux frères clôturent la liste.

De nombreuses églises leur furent dédiées en Orient comme en Occident, de Constantinople à l’Asie Mineure, de la Grèce à Jérusalem, et d’innombrables artistes, parmi lesquels Beato Angelico, Filippo Lippi et Sandro Botticelli, immortalisèrent leur histoire dans des tableaux et des fresques devenus des œuvres d’art hors du temps. Des statues des deux saints décorent les églises de toute la chrétienté.

Basilique des Saints Côme et Damien à Rome

Nous avons déjà mentionné à la construction de la Basilique des Saints Côme et Damien par volonté de pape Félix IV. Elle fut la première basilique chrétienne à surgir dans la zone du Forum Romain et garde la dignité de Basilique mineure. La splendide mosaïque encore visible dans l’abside de la basilique fut réalisée justement pour attester qu’il s’agissait du premier lieu de culte chrétien dans une zone autrefois réservée aux temples des dieux païens. Ici furent ensuite déplacées les reliques des saints Côme et Damien, disposées sous l’autel inférieur de la basilique.

Le pape décida d’unir les deux bâtiments préexistants et abandonnés depuis des années : la bibliothèque Pacis, qui faisait partie du Forum de la Paix construit par l’empereur Vespasien, et le Temple de Romulus érigé par l’empereur Maxence au début du IV siècle et surmonté par un des plus grands dôme de Rome.

Au Moyen-Âge, la basilique était une destination de pèlerinage, mais aussi un lieu de soins et d’assistance aux malades et aux nécessiteux. Elle était également un centre de dévotion mariale, ce qui explique que pape Grégoire Magne y plaça une image de Notre-Dame de la Santé, racontant comment, lors qu’il passait près de l’église, il avait été interpelé par la Mère de Dieu qui lui dit : « Grégoire, pourquoi vous ne me saluez plus comme vous le faisiez avant ? ».

En 760, à l’église fut ajouté l’Oratoire de San Pietro in Silice, célèbre pour son eau miraculeuse.

Une fois ajoutées sept chapelles à la nef de la basilique pendant le pontificat de Clément VIII, en 1626, elle fut reconstruite quasi entièrement, avec la démolition des murs romains, la construction d’un nouveau sol et le déplacement des chapelles et des autels. La reconstruction fut complétée en 1632.

La première greffe de membres de l’histoire (et d’autres miracles)

Dans la Légende dorée, Jacques de Voragine raconta d’un homme sur son lit de mort à cause d’une gangrène qui lui avait dévoré la jambe. Il s’agissait de l’humble sacristain de la basilique dédiée aux saints Côme et Damien à Rome, et il les invoqua afin qu’ils fassent cesser la douleur épouvantable qui lui déchirait le corps et l’âme. Il tomba tout de suite dans un sommeil profond et rêva les deux saints s’approchant de lui, un avec un couteau et l’autre avec un plateau de médicaments et de compresses. Il les entendit parler aussi : l’un proposait à l’autre de remplacer la jambe pourrie par une nouvelle, prise du corps d’un éthiopien enterré ce jour-là au cimetière de Saint-Pierre-Aux-Liens.
Quand le sacristain se réveilla, la douleur avait disparue. Sa jambe avait complètement guéri, mais elle était noire comme le jais !

Parmi les miracles attribués aux deux saints, un concerne la volonté de Côme de ne pas être enterré avec son frère jumeau, après que ce dernier avait accepté en cadeau trois œufs d’une fermière, Palladia, qu’il avait miraculeusement guéri.
Toutefois, après leur mort, lorsqu’on s’apprêtait à les enterrer séparés afin de respecter cette requête, ceux qui avaient assisté à leur mort virent un chameau les prévenant que Damien avait accepté les œufs uniquement pour ne pas humilier la pauvre femme et qu’il n’était donc pas à blâmer. Ainsi Côme et Damien furent enterrés l’un à côté de l’autre.