La Petite Madone de Tyndaris : la Vierge noire et son sanctuaire sur la mer

La Petite Madone de Tyndaris : la Vierge noire et son sanctuaire sur la mer

La Petite Madone de Tyndaris a “choisi” de s’arrêter dans l’homonyme petit centre habité en province de Messine. Ici, chaque année, le 7 et le 8 septembre, on célèbre sa fête.

Afin de comprendre le culte né autour de la Madonnina de Tyndaris, il faut s’attarder un instant sur le territoire qui entoure la petite fraction, partie de la ville métropolitaine de Messine. Tyndaris a été fondée au IVe siècle av. J.-C. par volonté de Denys Ier de Syracuse, afin qu’elle accueille les mercenaires syracusains qui avaient combattu dans la guerre contre Carthage. Son nom dérive de Tyndare, roi de Sparte, mari de Léda qui, fécondée par Zeus sous forme de cygne, généra quatre enfants : Pollux et Hélène, qui auraient ensuite été le déclencheur de la Guerre de Troie, fils de Zeus, et Castor et Clytemnestre, conçus avec Tyndare.

Tyndaris surgit sur un promontoire à pic sur la mer Tyrrhénienne, dans une baie éparpillée de petits lacs qui composent aujourd’hui la Réserve Naturelle Laghetti di Marinello. La conformation spécifique de cette zone a joué un rôle important dans la naissance du culte de la Vierge Noire, qui est aujourd’hui conservée dans le Sanctuaire de Tyndaris, construit justement au sommet du promontoire, dominant la mer.
Ici, chaque année, à l’occasion de la Fête de la Vierge Noire, se réunissent des milliers de fidèles et de curieux de toute la Sicile, et pas seulement. Il représente sûrement un des lieux de pèlerinage où il faut se rendre au moins une fois dans la vie

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Histoire de laMadonnina de Tyndaris

Le culte de la Madonnina de Tyndaris est lié à la tradition des Vierges de la Mer, dont nous avons parlé dans notre article dédié aux titres mariaux. En particulier, dans un autre article, nous avons raconté les légendes concernant Sainte-Marie-de-la-Mer, vénérée à Maiori et à Santa Maria de Castellabate, dans le salernitain.

La vénération de la Petite Madone de Tyndaris aussi nait d’une légende. Un navire en voyage de Byzance avait cherché refuge d’une tempête dans la baie de Tyndaris, à l’abris des lacs. Mais au moment de repartir, les marins se rendirent compte que quelque chose les empêchait de reprendre la mer. Persuadés qu’il s’agissait du poids du chargement, ils commencèrent à laisser sur la plage le plus de marchandise possible afin d’alléger la cale, mais uniquement quand ils y déposèrent aussi la statue de la Vierge qu’ils amenaient avec eux le navire put reprendre le large.

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Une autre légende raconte d’une maman qui se rendit au Sanctuaire afin de remercier la Vierge pour avoir sauvé sa fille malade et qui, la voyant toute noire dit : Hàju vinutu di luntana via, ppi vidiri a una cchiù brutta di mia ! « Je suis venue de loin pour en voir une plus laide que moi ! ». À ce moment-là, sa fille qu’elle tenait à bras tomba dans la mer et la femme, désespérée, courue sur la plage au pied du promontoire. Alors les vagues s’ouvrirent et lui permirent de retrouver sa créature et de la sauver. Si l’on observe la conformation de la côte d’en haut, elle rappelle la silhouette d’une femme qui serre une fille dans ses bras.

En ce qui concerne l’aspect de la Vierge Noire de Tyndaris, elle est noire car elle est sculptée dans du bois de cèdre du Liban dans le style typique des statues byzantines et orientales autour de l’année 1000. En effet, la sculpture aurait été enlevée d’Orient, vraisemblablement d’Égypte, afin de la sauver de la persécution iconoclaste. Pour nous, habitués à des sculptures plus harmonieuses, son visage allongé peut apparaître bizarre, tout comme le couvre-chef qu’elle porte, à moitié entre la couronne et le turban.

La Vierge Brune est représentée comme une basílissa, une impératrice byzantine assise sur le trône et sur ce dernier qui la soutient sont gravés les mots Nigra Sum Sed Formosa, « Je suis noire, mais je suis belle », tirés du Cantique des Cantiques. Elle tient l’Enfant Jésus à bras et elle lève la main droite en signe de bénédiction. Elle est connue et adorée comme Matri ‘u Tinnaru et le sien est un des cultes mariaux les plus anciens de la Sicile.

La Basilique Sanctuaire de la Très Sainte Marie de Tyndaris

La Basilique Sanctuaire de la Très Sainte Marie de Tyndaris a été reconstruite au XVIe siècle sur les restes d’une ancienne église détruite par les pirates arabes dirigés par Khayr ad-Din Barberousse, corsaire et amiral de la flotte ottomane qui mit à feu et à sang la côte tyrrhénienne de la Sicile à la moitié du XVIe siècle. Ici surgissait également et vraisemblablement une ancienne forteresse qui dominait le promontoire.
Après la reconstruction baroque, l’église fut agrandie et modernisée à la fin du XIXe siècle. La petite église d’origine de la Petite Madone de Tyndaris a été englobée dans le Sanctuaire, un peu comme il est arrivé à Assise avec la Porziuncola à l’intérieur de la Basilique Sainte-Marie-des-Anges.

Comme nous le mentionnons au début, chaque année à Tyndaris, le 7 et le 8 septembre, se tient la fête de la Vierge Noire, qui culmine avec une procession solennelle à laquelle participent des milliers de pèlerins provenant des communes limitrophes. Selon la tradition, les pèlerins montent à pied en file indienne jusqu’au Sanctuaire en parcourant l’abrupt sentier Coda della Volpe (i.e. queue du renard) qui remonte sur le flanc de la côte montagneuse. Outre prières et chants, la fête prévoit stands divers et variés, événements gastronomiques et traditions folkloriques qui unissent la dimension sacrée à celle plus pittoresque de la localité.

Basilique Sanctuaire de la Tres Sainte Marie de Tyndaris